jeudi 18 février 2016

Petites histoires de pain


Les petites histoires

1. Le pain du dimanche

Pendant un certain temps, ma maman se toqua de faire son pain. Elle n’était ni baba cool ni désireuse d’aller élever des chèvres dans le Larzac mais cela devait lui sembler une bonne alternative pour nous élever mon frère et moi au «bon pain d'autrefois». Compte-tenu de son métier d’infirmière qui l'occupait toute la semaine c’était le dimanche le jour du pain.
Franchement je ne me souviens de ce pain qu’au moment de sa création dominicale. Mon frère et moi le dégustions sorti du four. Une large tartine nous était découpée sur laquelle était déposé du beurre qui fondait sur la mie toute chaude et enfin quelques copeaux de chocolat ou, encore meilleur, un voile de chocolat en poudre. Un simple régal pris sur les marches d’escaliers devant notre jardin. 
Depuis lors manger ainsi sur les escaliers extérieurs d’une maison ou y boire un café du premier soleil timide du printemps jusqu’à ses derniers pâles rayons de l’automne vaut bien des terrasses aux Champs Elysées. 






2. Du pain et du beurre


Une année nous partîmes en Grèce, pays qui serait le lieu de bien des souvenirs culinaires sur lesquels je reviendrais.
Mes parents avaient choisi de combiner un séjour et une courte croisière nous permettant de découvrir l’essentiel du patrimoine culturel grec. Lors de la première soirée sur le bateau, ma mère s’inquiéta que le dîner ne soit pas assez copieux pour ses enfants. Il fallait trouver une solution à ce qu'elle imaginait déjà comme un repas de disette... et elle formula cette sentence : «Mangez du pain et du beurre les enfants !», sous-entendu mangez au moins ce qui est présent sur la table en abondance. Mon frère et moi obtempérâmes à l’injonction maternelle. La suite fut épique. Une abondance de plats arriva, servi sur un buffet qui aurait pu nourrir deux fois plus de passagers qu’il n’y en avait sur ce bateau. Pauvres de nous remplis de pain et de beurre ...

«Mangez du pain et du beurre les enfants !» entra dès lors au palmarès de nos expressions familiales pour illustrer avec ironie l’opulence d’un repas !

Catherine D-E.

Les photos 














mardi 2 février 2016

Les beurèks et les kourabiès de Mme Arpoutian

L’histoire



Mes parents avaient des amis arméniens, Iskander et Paulette Arpoutian. Quand nous allions chez eux j’étais amusée par l’allée gravillonnée bordée de petits nains qui nous accueillaient et j’attendais avec bonheur les bonnes choses que Paulette et Iskander Arpoutian allaient nous servir; surtout les beurèks et les kourabiés.

Les beurèks de Mme Arpoutian étaient un modèle du genre: une pâte fine et croustillante, dorée à souhait et qui enserrait une farce au fromage moelleuse et odorante. J’en ai encore l’eau à la bouche. Puis venait le moment des kourabiés ... 
Ah les kourabiès de Mme Arpoutian ! Du sucre, du beurre,  avec du sucre et du beurre ... et aussi un peu de sucre glace pour poudrer ce petit gâteau si friable qu'il fondait quasiment de lui-même dans la bouche sans que l’on fasse le moindre effort. Le goût des kourabiès s’apparente à celui des cornes de gazelle et des montécaos, petits biscuits d’origine espagnole également très sucrés, très beurrés, très sablés... J’ai trouvé des recettes arméniennes de kourabiès avec des ajouts de noix pilés et de petits verres de cognac. Mais dans mon souvenir rien de tout cela dans les kourabiès de Mme Arpoutian; juste du beurre, du sucre, avec du beurre et du sucre (un peu de farine quand même mais ce n’est pas ce goût qui prédomine). 
Les kourabiès et les beurèks de Mme Arpoutian ont ainsi trouvés leur place dans mon casier mémoriel des goûts et des saveurs. Les noms de ces deux recettes et de leur cuisinière sont d’ailleurs depuis complètement indissociables.  

Dans ma famille, ce ne sont pas les beurèks que nous mangeons mais les borekas. Frottés aux influences turques, grecques et arméniennes, les petits chaussons venus de la culture judéo-espagnole se sont garnis de fromages locaux comme la féta ou le kachkaval, ils ont calqué leur nom sur l’appellation environnante (à moins que ce soit l’inverse ?) tout en gardant la spécificité de leur pâte. Effectivement ce n’est pas la pâte filo qui sert à leur réalisation mais une pâte typiquement judéo-espagnole dont vous aurez le secret de fabrication dans la recette qui suit !

Je n’ai jamais vraiment retrouvé le goût des beurèks de Mme Arpoutian, juste un peu dans une rue de Rhodes où j'ai mangé dans une petite échoppe des tiropitas délicieux qui leurs ressemblaient beaucoup. Peut-être me manque-t-il pour retrouver ce goût des beurèks un ingrédient désormais introuvable: le son de la voix douce d’Iskander Arpoutian qui chantait pour nous en fin de repas d’anciens chants venus d'Arménie.

Catherine D.E


Les photos 









Ici ce sont des borekas !


Les recettes 
Pour les recettes des beurèks et des kourabiès voici des liens avec des vidéos reprenant ces classiques de la cuisine arménienne:




Pour les borekas :
Pour la pâte :
-un verre d'huile,
-un verre d'eau,
-500 grammes de farine,
-du sel.
Pour la farce :
- 50 grammes de gruyère râpé,
- 200 grs de féta (ou moitié-moitié fromage de chèvre-emmenthal),
-3 oeufs entiers, (+ un jaune)
-3 pommes de terre
-sel, poivre.

Pour la pâte: faire chauffer l'huile, l'eau et une pincée de sel. Laisser tiédir et verser la farine tout en remuant avec une cuillère en bois, puis en pétrissant à la main jusqu'à obtention d’une pâte à la fois souple et molle.
Pour la farce: cuire les pommes de terre dans un peu d'eau salée. Ecraser le fromage à la fourchette et mélanger-le aux oeufs et aux pommes de terre écrasées. Saler et poivrer. Etaler la pâte au rouleau et à l'aide d'un petit bol (qui sert donc d'emporte pièce) découper en disques.
Mettre de la farce sur chaque disque et former des chaussons bien fermés à l’aide d’une fourchette. Poser ces chaussons sur une plaque légèrement huilée, badigeonner le dessus d’un jaune d’oeuf (un peu allongé d'eau si besoin), ajouter un peu de gruyère râpé, et faire cuire au four préchauffé à 200° vingt à 30 minutes.
Déguster chaud ou tiède «à la française» avec une salade verte, ou «à l’orientale» avec un assortiment de plats de mézzé: tarama, olives galamatas, caviar d’aubergines, poivrons grillés, ect, ect ...!!!